Chez Bernard Hislaire / Yslaire, le dessin a le parfum de l’essence de la
vie. Son trait dépourvu de tout maniérisme exprime ce qu’il ressent au plus
profond de lui-même. Son œuvre se nourrit de ses pensées, à l’image du roman familial des Sambre, dont
le graphisme romantique a créé une véritable rupture de style dans l’évolution de la bande dessinée belge. Il y a dans les
images de Bernard Hislaire / Yslaire quelque chose de
la fureur de Flaubert. L’œil de l’artiste excelle à saisir les méandres intérieurs de l’âme
humaine.
Né dans les « années atome » en 1957, l’auteur s’est d’abord
cherché avec Bidouille et Violette, des héros bien à son image, fragiles, d’une sincérité à fleur de peau, éclos
dans le journal Spirou en 1978. Il s'est découvert avec la saga sombre et baroque des Sambre
au milieu des années 1980. Il a réinventé sa ligne et ses couleurs dans XXe
ciel, à travers la psychanalyse
des folies et des outrages de l’humanité. Il s’est engagé pour l’amour et la
paix dans l’audacieux manifeste du Ciel au-dessus de Bruxelles. Il a fait la révolution des idées en
compagnie de Jean-Claude Carrière dans Le Ciel au-dessus du Louvre.
Après plus de trois décennies de bande dessinée fertiles en créations
touchantes et attachantes, cet enfant de la génération Spoutnik continue de
défricher de nouveaux territoires d’images, de méditer sur l’avenir, de traquer
le reflet de l’homme dans les nuages, refusant obstinément de se laisser
enfermer par le succès. Fasciné par la capacité d'un Picasso ou d'un Moebius à
se reconstruire, il regarde la bande dessinée comme un art contemporain et
multimédia, à l’exemple d’Uropa, son magazine expérimental sur iPad. Libérée des
styles et des écoles, son œuvre est au carrefour du rock, du théâtre, du
cinéma, de la psychologie, du vidéo-art, de la BD et de l’informatique. Elle résonne
de toutes ses interrogations et ses curiosités intérieures.